MONTAUBAN - NIAMEY en ULM SKY RANGER (Novembre 2006)

"doucement, doucement, la mouche bouffe l'éléphant" (proverbe Nigérien)

L'aventure commence par un coup de téléphone fin octobre. Gérard qui habite à Niamey, cherche un co-équipier pour convoyer son Sky Ranger acheté en France et appelle Jean Paul sur les conseils d'un ami commun .

Après échange de quelques emails les 2 hommes se retrouvent le 10 Novembre à Montauban chez Best Off, le vendeur, et rapatrient l'appareil à Aire/Adour (région où habite Jean Paul) . Il suffira de 4 jours pour préparer l'avion et le voyage ... et faire connaissance .

120 ans à nous 2

Etape 1 : Aire / Adour.... Oloron Ste Marie

Le départ a lieu le 15 novembre. La météo est cavok mais un fort vent est signalé en altitude. Il nous sera fatal car impossible de franchir les Pyrénées. On fait du 30 km/h et brutalement le Sky se retrouve dans un tambour de machine à laver. Ayant tenté direct plein sud, on se pose à Oloron, on refuel et on tente par Biarritz et San Sébastian. Rebelotte ! On se repose à Oloron et ça suffira pour aujourdh'ui. Bilan : on a fait un bond de 50 km ! Le lendemain, il pleut. On est coincé au sol encore une journée.

Etape 2 : Oloron- Castejon - Calamocha - Sotos

Le 17 la météo est favorable et nous passons les Pyrénées direct, 9000 pieds (pas chaud ...), au dessus de 4/8 de cumulus. On avait prévu de refueler vers Saragosse, et là, surprise ... 2 terrains prévus sur le trajet (pris sur Nav2000) n'existent plus ou pas encore. L'un est Tardienta et l'autre Monflorite, en chantier pour devenir une belle plateforme d'aviation commerciale, mais inutilisable à ce jour. Nous nous poserons donc un peu plus au sud à Castejon de Monegros., une piste a priori pour l'épandage, au milieu d'exploitations agricoles. Pas un chat, d'ailleurs ce sera le cas sur tous les terrains en Espagne, hors mis les aérodromes contrôlés. A savoir qu'il y a une station service sur la route contigüe à la piste, à environ 300 m du terrain..

Nous continuons, 1000 pieds sol, pour nous retrouver une heure plus tard à Calamocha. Un vaste terrain qui a dû connaitre des heures de gloire mais qui, a cette heure, semble délaissé. Il nous sera malgré tout utile pour faire un complément de plein de 30 L que Gérard va acheter à la station à 1 km.

Redécollage. On survole une espèce de Massif Central espagnol, assez sauvage et pittoresque, et on choisit de se poser à Sotos, environ 120 km à l'est de Madrid. Joli petit terrain...sans personne, sauf de nombreux ramasseurs de champignons, des cestas ??!! connais pas .On amarre le Sky et on part au village à 1 km. C'est champêtre et calme. On trouvera une location d'appartement sympa (El Arca, d'ailleurs les coordonnées téléphoniques sont affichées sur le hangar au terrain, prix 50 € 2 ch, cuisine, salon) On dînera au bistrot du village. Tapas et ambiance typiquement espagnole.

Etape 3 : Sotos - Linarès

Le 18 au matin il pleut ! Les nuages sont accrochés au relief qui entoure le terrain de Sotos. Il faudra attendre 15 h pour décoller et passer ce relief. Nous nous retrouvons enfin dans la plaine, au soleil. Toujours 1000 pieds sol. On évite ainsi les zones règlementées, nombreuses dans cette région. On survole quelques petits terrains qu'on avait répertoriés, certains ont de belles pistes en dur, mais tous déserts et parfois éloignés de tout (ex: Valdepegnas). On a encore du pétrole pour aller plus loin, Linarès. Et là, resurprise ! Notre terrain El Barranco est fermé, piste barrée (car en mauvais état). Le 2 ème est inexistant. Oliviers à la place .... Il en reste un. C'est un terrain ulm privé. Lui est ouvert, et nous aurons un accueil très chaleureux de son propiétaire. La bête est à l'abri chez nos nouveaux amis et nous pouvons dormir tranquilles à Linarès.

Etape 4 : Linarès - Cordoba - Médina Sidona

Décollage le 19 vers 9 h pour Cordoba où on pensait faire les formalités de sortie d'Europe. Mais impossible. Y a pas de douanes à Cordoue . On refuel donc seulement et on repart, un peu décontenancés, pour rejoindre Médina Sidona, dernier terrain le plus au sud de l'Espagne. Il y a Jerez mais interdit aux ulm et nous n'avons pas les coordonnées de potentiels terrains à côté. La piste de Médina est privée aussi et il y a le propriétaire qui nous propose de nous emmener à Jerez faire les formalités, soit 100 km aller-retour. On n'a pas le choix. Ca fera 120 €, mais on est clair ! Sauf que nous apprenons plus tard que le Maroc nous demande l'autorisation de survol et d'atterrissage que nous n'avons pas ... il est 16 h, nous resterons donc à Médina, ville très pittoresque au demeurant, et nous négocions de l'hôtel la fameuse autorisation, a coups de fax et téléphone. Elle arrivera 24 h plus tard .

passage des Pyrénnées

Castejon

Tétouan

Etape 5 : Médina - Tétouan - Casa Tit Mélil - Marrakech

Le 20 à 9 h nous sommes en l'air. Cap sur le détroit de Gibraltar à 5000 pieds, ciel clair. Il y a en gros une demi-heure a passer au dessus de la patouille avant de voir le continent africain. Tétouan en vue ! Mais l'aérologie nous rappelle que nous sommes en ulm et les rabattants du Rif vont nous obliger à faire une descente "rock and roll". Dédouanement rapide et sans soucis, Tétouan est un terrain paisible et le contrôleur nous donne tous les conseils pour traverser le Maroc (cheminements et points de report VFR) . Nous sommes rassurés, notre nav est conforme à la demande.

Pleins refaits, plan de vol, nous repartons pour Casa. Les fortes turbulences dans le Rif nous obligent à monter à 7500 pieds. Il n'y fait toujours pas très chaud... Vol paisible, on gère les directives de Casa Contrôle. Nous passons a côté du terrain contrôlé de Ben Slimane, tout nouveau. Il vient d'être ouvert mais manque encore de logistique (essence etc...) . On se posera à Casa Tit Melil où nous pouvons ravitailler en Avgas. C'est un beau terrain d'aéro-club, bien équipé. Ca tombe bien car Casa Anfa n'existe plus et Casa Mohamed V est interdit aux ulms.

Redécollage pour Marrakech que nous atteindrons à 16h30. Petite frayeur en route : en contrôlant la conso Jean Paul constate que le réservoir gauche est complètement vide. En fait, le droit est archi plein et siphonne par la mise à l'air libre. Une belle application des lois de la nature mais pas forcément sympa en vol ... Le problème est vite résolu et nous nous posons à Marrakech au milieu des charters de touristes. A nous la place Djama Fna !

Etape 6 : Marrakech - Tan tan

A partir de Marrakech la météo sera d'un beau ciel bleu, ensoleillé, chaud, vent favorable de 15 kts... le bonheur ! On passe l'Atlas, la vertical d'Agadir à midi (notre plateau repas se résumera à quelques dattes) . Ensuite le cheminement est simple : la côte jusqu'à Nouakchott. D'un côté les caillous et le sable, de l'autre la mer. La route suit la côte, ce qui représente une certaine sécurité. Seules quelques embouchures de rivières ou quelques villages viennent rompre la monotonie. Posé à Tan Tan, terrain géré par les militaires, qui nous réservent un super accueil. La ville est un peu loin mais un gendarme nous y dépose (sans rien nous demander en compensation ...) et nous nous retrouvons à 16 h, en T-shirt, à la terrasse de l'hôtel Sables d'Or, devant un tajine .

Etape 7 : Tan Tan - El Ayoune - Dakhla.

Le vent est toujours favorable. On décide donc de faire 2 étapes en une. On refuel vite fait à El Ayoune, plan de vol, taxes et c'est reparti. Le paysage est uniforme, on vole tranquille à 1500 pieds, sans contact avec personne, le moteur ronronne correctement. Bref, on est bien ! Arrivée à Dakhla, au bout d'une presqu'île de 40 km. Terrain toujours géré par les militaires et accueil sympa. Il est presque en ville ce qui est pratique pour l'hôtel et l'essence, en plus celle ci est détaxée (0,60 € le L de super). On rempli nos 2 bidons de 30 L.

Etape 8 : Dakhla - Nouadhibou - Nouakchott

Encore une étape d'enfer ! Mine de rien le cul et le dos accusent le coup... On remarque, côté marocain, des villages tout neufs mais complètement vides, au milieu de nulle part, prêts à accueillir des familles pour lesquelles le gouvernement offre toutes les facilités. Ce ne sera pas le cas à Nouadhibou, dont nous ne connaitrons que l'aéroport, mais ça donne une idée ...

Le survol du Banc d'Arguin (réserve biosphère de l'UNESCO) sera un moment agréable et, en fait, on survole peut être plus l'eau que pour passer Gibraltar, mais on n'avait pas mis nos gilets de sauvetage .

On se pose à Nouakchott, un peu courbaturés mais ravis. Du coup, les 3 dernières étapes nous ont permis de rattraper 3 jours de retard. On a fait 1 étape là où on en prévoyait 2. Les formalités seront relativement rapides, c'est moins "règlementaire" qu'au Maroc. Gérard a un passeport Nigérien (il a toujours habité Niamey). Jean Paul n'a pas de visa mais la situation est vite réglée... après quelques palabres. Il en sera de même pour le Mali et le Niger. On trouve un peu péniblement un bon hôtel pas trop cher dans une capitale qui ne respire pas la richesse.

Ben Slimane

Marrakech

Tan tan

Etape 9 : Nouakchott - Kaédi - Kayes

Le paysage change. Y a plus que du sable ! Quelques villages, quelques rares signes de vie entre. On passe Boutilimit, Aleg, puis arrive le fleuve Sénégal. C'est rassurant. La piste de Kaédi parait immense pour cette petite ville. Personne à la tour, on se pose et là on comprend pourquoi. Des militaires parfaitement armés et auto mitrailleuse nous attendent de pied ferme nous demandant qu'est ce que nous faisons là sans avoir prévenu ??!!. Nous expliquons que nous avons un plan de vol délivré par Nouakchott qui nous a confirmé que le terrain était ouvert à la circulation aérienne générale. En fait, les militaires nous diront qu'il ne passe presque jamais d'avion ici et qu'ils n'ont pas de contact avec Nouakchott, du moins en ce qui concerne la circulation aérienne. Le chef arrive enfin, et, après les vérifications règlementaires, l'atmosphère se détend. Le plan de vol s'avèrera une preuve de notre bonne foi même si c'est la première fois que le lieutenant voit un plan de vol... Du coup le commandant nous emmène dans son 4x4 pour chercher de l'essence. Il n'y en a pas. Kaédi c'est pas sur la nationale 7 ! Néanmoins après négociations on trouve 20 L d'essence au marché noir. Ca suffira pour aller à Kayes. On se quitte bons amis avec les militaires et rejoignons les rives du fleuve Sénégal. Quelques heures et tas de sable plus tard, nous arrivons à Kayes, au Mali. C'est un aéroport digne de ce nom, avec des lignes régulières. Mais pas aujourd'hui ! Il est 16h30 quand nous nous posons et... personne ! pas un chat, pas un gardien, rien. L'aéroport est clôturé et fermé ! et la ville est à 10 km ! Nous attendons patiemment, en regardant le soleil couchant sur les baobabs quand arrive une mobylette vers 19 h. C'est le gars de l'Asecna qui nous apprendra qu'ils n'avaient pas connaissance de notre arrivée, qu'il n'y avait pas de vols programmés, que c'était samedi etc... Arrive enfin un taxi avec le policier qui va faire nos formalités d'entrée au bar de l'hôtel . Et enfin une bonne bière bien fraiche . Vive l'Afrique !

Etape 10 : Kayes - Manantali - Bamako

Météo superbe pour ce dimanche 26 mais le vent depuis Nouakchott est de composante face pour une vingtaine de noeuds. On se ballade donc à 100, 110 km/h sol. Toujours à environ 300m, sauf l'après midi où nous montons un peu pour éviter les thermiques trop turbulentes. Nous nous posons à Manantali, une petite piste de brousse, à côté d'un village de cases typiques. Elle a été conçue pour les besoins de la construction du barrage du même nom (ce barrage, sur le fleuve Sénégal, alimente en électricité le Mali, la Mauritanie et le Sénégal). Un ancien combattant malien aura le plaisir de poser pour la photo avec Jean Paul ex-officier de l'Armée de l'Air, pendant que le gardien du terrain part en vélo avec un bidon... et revient 40 minutes plus tard avec 20 L. Mais où diable a-t-il trouvé l'essence dans ce coin ?. Une fois celle-ci filtrée, transvasée avec la "branlette", nous repartons ,non sans faire des photos du village de cases et, plus loin, du barrage. Une vraie mer intérieure mais sans personne, sans vie autour. Peut être trop récent .

Puis Bamako. Grande ville, populeuse, des millions de mobs. Nous nous arrêtons dans un superbe hôtel et nous décidons ...de nous changer. On avait déja changer de slip et chaussettes mais pas encore de chemise ni pantalon. Ben oui ! c'est à cause de la place !

Etape 11 : Bamako - Ségou - Mopti

Nous sommes le lundi 27 novembre . Maintenant c'est le fleuve Niger que nous suivons. Riche en décor et en vie pastorale. Posé à Ségou sur une piste de brousse où séjourne un ulm allemand, mais le propriétaire n'est pas là. Dommage car ça nous aurait évité de perdre 3 h pour récupérer 30 L. On avait confié la mission à un gars en mobylette qui voulait certainement bien faire mais qui ne savait pas comment s'y prendre... Les rives du Niger sont parsemées de villages fortifiés avec tous une mosquée-cathédrale digne de celle de Djenné. Puis Mopti, ville au milieu des eaux et des rizières. La piste, d'ailleurs, a été construite à 20 km, pour trouver la terre ferme.

Etape 12 : Mopti - Douentza - Gao.

Décollage de bonne heure car on va faire un crochet par le pays Dogon. Grand moment ! 70 km après Mopti on arrive au bord d'une falaise qu'on va suivre pendant plus d'une heure. Nous sommes émerveillés par le spectacle de tous ces villages dans et au pied de cette falaise. Nous essayons de tout faire rentrer dans nos appareils photo ...

Nous nous poserons à Douentza au bout de la falaise sur un autre petit terrain de brousse, isolé. Gérard décide de partir à pied à la ville avec un bidon pendant que Jean Paul garde l'avion, bien qu'il n'y ait personne à l'horizon ... au début . Gérard revient 45 minutes plus tard... en mobylette, avec le bidon plein. Refueling Spectacle aujourd'hui sur le terrain de Douentza (notre "branlette" en étonne plus d'un). Photos, aux revoirs et nous repartons vers Gao à 400 km . Nous survolons un paysage digne du Nevada, c'est l'Hombori, grande immensité parsemée d'énormes pitons rocheux isolés, quelques grandes mares perdues dans cet univers désséché, des troupeaux, de rares villages de petites cases rondes et enfin Gao sur le fleuve Niger que nous retrouvons après l'avoir quitté à Mopti. Le terrain est calme, nous sommes l'attraction des personnels de service. Quelques formalités et nous rejoignons "l'Atlantide" dont les normes hôtelières ne satisferont pas notre récupération physique...

Etape 13 : Gao - Niamey

30 novembre. C'est la dernière étape ! Nous décollons devant un Galaxy américain qui vient de se poser en créant une tempête de sable et décharge sa cargaison sur la piste. On part vers le nord faire des photos des dunes roses au bord du Niger. Inconsciemment on sent qu'on n'est pas pressé d'arriver à Niamey. On va rester sur le fleuve, à 30 m max, un coup rive droite, un coup rive gauche, un 360 ° sur tel village, y a plein de gens qui nous saluent, des marchés, des troupeaux, des pirogues immenses. Soudain, les hippopotames ... une dizaine sur une petite île. Au 2 ème passage ils ne sont plus que 3. Gérard est sur son territoire, il est enchanté . Il reconnait un chantier de BTP dont il connait le directeur à Niamey . On décide de se poser à côté, sur un tronçon de route en construction. Le patron du chantier est un français. Son accueil est celui des hommes de terrain qui vivent en Afrique, chaleureux. Il nous offre à manger dans leur popote climatisée. Sympa . Gérard en oubliera son gilet avec tout l'argent dedans. Il le récupèrera une semaine plus tard à Niamey. Il me fait voir le golf à 60 km de la capitale. Il y a une piste en terre...on a encore le temps ... Et voila déja la piste de l'aéroport de Niamey.

Il est 16 h et c'est la fin d'une belle aventure.

Nous avons mis 13 jours pour faire 6800 km en 65h30. La conso moyenne a été de 13 L/h pour une vitesse moyenne de 110 km/h. Et, grace aux Dieux des ulmistes migrateurs, sans pépin mécanique !

Et depuis, nous sommes devenus "des copains d'enfance"...

Remerciements : A l'Aéro Club de Aire/Adour et à son instructeur en particulier, Titi, pour avoir hébergé le Sky le temps de notre préparation. A Dominique, un pilote d'Air France Cargo pour toute la doc aéro qu'il nous a fournie. A Bruno en Guyane. C'est lui l'ami commun . A tous ceux qui nous ont donné un coup de main à un moment et aussi à ceux qui nous ont proposé de venir nous chercher s'il le fallait dans le désert... et merci au concepteur du Sky, Mr Best Off, Philippe Prévot !

sud marocain

désert

agrandir

préparation

Nouadhibou

Kayes

Linarès

 Manantali

région Mopti

curieuses

Hombori
séance de refueling
fleuve Niger
Att sur la piste routière
hippo
Niamey . Fin !
Dogon

pays Dogon

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